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De l’espoir pour le 2 Wellington Nord?

PAR:
Philip Bastarache

Qui est le propriétaire de cet édifice? Pourquoi, malgré son cachet unique et son emplacement, reste-t-il inoccupé depuis près d’une décennie? Pourquoi les projets proposés ont-ils tous avorté? Qu’est-ce que la Ville fait dans cette histoire? Quel est l’avenir de cet immeuble? Il est grand temps d’apporter un certain éclairage— et un peu d’espoir — sur cette triste saga.

Un peu d’histoire

Construit à l’orée des années folles en 1920, l’édifice abritait la Canadian Bank Of Commerce. Suite au déclin de la rue Wellington-Nord qui allait se voir dépouillée de toutes ses institutions bancaires dans les années 70, différents commerces ont eu pignon sur rue au rez-de-chaussée de l’immeuble. Notons la présence d’un Mikes, d’un Valentine, de même que celle du Presse Boutique café, qui a fermé ses portes en 2006. C’est depuis cette année fatidique que la saga du 2 Wellington Nord – dont la plupart d’entre nous ne connaissons pas grand-chose – a pris une tournure dramatique.

Après quatre années sans que rien ni personne n’ait occupé le rez-de-chaussée de l’immeuble, certains commençaient à s’inquiéter de l’état de l’édifice. « L’entrée est assaillie par les pigeons et on retrouve maintenant des planches de contreplaqué dans les portes. Le bâtiment a été squatté. C’est généralement le signal que ça va se dégrader rapidement », affirmait Monique Nadeau-Saumier, réputée historienne de l’art et consultante en patrimoine dans une lettre ouverte cosignée avec deux autres protecteurs du patrimoine sherbrookois dans l’édition du 25 mai 2010 de La Tribune.

La semaine suivante, le propriétaire de l’édifice, Sotiris Papadimitriou affirmait n’avoir nullement l’intention de laisser la bâtisse à l’abandon. Il soutenait qu’il allait « remettre l’immeuble dans son état original le plus possible » et qu’il allait « faire les travaux qu’il faut ».

Deux ans plus tard, le Victoriavillois n’avait effectué que quelques changements cosmétiques plutôt douteux. Il avait ensuite fait nettoyer l’entrée submergée par l’épaisse couche de défécations de pigeons qui s’y accumulait depuis des années. Il était temps. Et puis plus rien. En représailles à cette négligence, la Ville tenta alors un recours contre M. Papadimitriou en Cour supérieure du Québec.

Un an plus tard, soit le 3 septembre 2013, La Tribune nous apprenait que la chaîne américaine Starbucks reluquait l’endroit en vue d’y implanter une de ses mythiques succursales. Il ne fallait pas vous attendre à y déguster un cappuccino de sitôt par contre; la chaîne n’ayant pas réussi à s’entendre avec le propriétaire, elle a décidé ni plus ni moins d’abandonner le projet de s’installer au centre-ville apparemment…

Pendant qu’on attendait qu’un messie vienne nous annoncer une bonne nouvelle pour cet édifice en perdition, qui voyait-on arriver lors de la journée « Dessine-moi ton centre-ville » du 31 mai 2013? Nul autre que le généralement très « indisponible » Sotiris Papadimitriou en personne! Celui-ci nous assurait que quelque chose se préparait pour l’immeuble. Mais cet aveu après tant d’années de promesses non tenues et de négligence était apparemment l’ultime affront aux yeux du bouillonnant Jean-Francois Bédard, président de l’Association des gens d’affaires du centre-ville, qui l’avait fermement sermonné à propos de ses manquements.

Ouff…

Et maintenant?

En octobre 2014, M. Papadimitriou nous annonçait en grande pompe qu’une boulangerie s’installerait dans l’immeuble. Des affiches sont collées sur les vitrines et annoncent des produits « exclusifs » pour « cet hiver ». Cette fois-ci sera-t-elle la bonne?

Le fait que je ne puisse pas encore bénéficier de cette gamme de produits apparemment si unique à la veille du mois d’avril aura amené suffisamment de doute dans mon esprit pour investiguer un peu. Sans forcément m’attendre à une réponse, j’ai entrepris d’envoyer un courriel à M. Papadimitriou. Trois jours plus tard, l’improbable survint : « On est dans l’étape des travaux de finition et d’installation des équipements. On ne sait pas la date précise de l’ouverture pour le moment, mais on voulait accélérer les choses le plus possible. Je prends note de votre intérêt et ça va me faire plaisir de garder contact avec vous et de vous inviter à l’inauguration ».

Alors, rassurez-vous tous : comme j’étais déjà assis en lisant ce fort surprenant courriel, je n’ai pas subi de fracture du crâne. Heureuse surprise me direz-vous? Très étonnante en fait. Un témoin m’affirmait le jour suivant avoir eu connaissance d’activités dans l’immeuble. Serait-ce trop beau pour être vrai? Est-ce que cette fois sera la bonne? Les déceptions m’ont appris à être prudent, mais pas forcément à perdre espoir!

De plus, selon certains acteurs du centre-ville, l’intérieur de l’édifice serait « plein d’amiante » et « il y aurait beaucoup de travaux à faire ». Ce que nous voyons donc de l’extérieur pourrait bien s’avérer n’être que la pointe de l’iceberg.

L’histoire est donc à suivre…

2well