Art Et Culture

Le centre du savoir

PAR:
Centre-ville Sherbrooke

Centre, centro, centrum. Le centre de la cité. Lieu foisonnant d’urbanité, le « centre » d’une ville, par définition, incarne l’identité même de la cité. Quand il nous enivre, nous surprend, nous éduque, nous berce et nous confronte, le centre-ville, au fil du temps, participe forcément au cercle vertueux de notre communauté. C’est dans sa composition même que le centre-ville nous démontre toute sa grandeur. Que ce soit par son architecture, ses commerces ou bien au travers des gens qui y cohabitent, le centre-ville représente l’âme de cet ensemble plus vaste qu’est la ville de Sherbrooke.

Puisque, gardons nous bien d’oublier, que ce dit centre, qui allait progressivement évoluer pour devenir la Reine des Cantons de l’est, a d’abord et avant tout été la périphérie d’une petite communauté dont la genèse remonte à plus de 200 ans. Avant de devenir le centre d’une grande chose, un centre-ville a d’abord été le cadre d’une plus petite. À la fois centre et périphérie donc. Voilà ce qui, selon moi, fait d’un centre-ville, en l’occurrence le nôtre, un endroit fondamental.

Il faut vivre au centre-ville pour bien le comprendre, pour le connaître, pour s’en imprégner. Comme tant d’autres, comme vous, j’y travaille, j’y ai vécu, j’y ai déambulé, j’y ai bu…Malgré tout, avec le recul, un constat s’impose. Outre ses bons restos, ses mythiques personnages, son bon café et le vent nouveau que son administration lui insuffle avec succès depuis plus d’une dizaine d’années, le centre-ville, à mon avis, est avant tout un lieu stimulant de savoir.

Le centro me semble être la plaque tournante du débat, de l’échange, de nouvelles découvertes, de l’expression populaire, de la confrontation comme de l’entente, de l’harmonie comme de la différence… Des librairies où l’on peut bouquiner parmi de vieux ouvrages oubliés (surtout usagés…). Une grande bibliothèque municipale où jeunes et moins jeunes peuvent lire le monde, et parfois même s’en émerveiller… Théâtres, salles de spectacle, galeries d’art, entreprises et j’en passe. Là où les idées s’entrechoquent. Là où la culture foisonne, où les artistes laissent libre-cours à leurs plus folles envies et où la création devient le moteur de sa propre évolution. Le fait est que le centre-ville provoque la création. Il impose aux multiples éléments qui le composent de se rencontrer, de se connaître et parfois même, heureusement, d’entrer en contradiction.

Je me permets une petite folie. Parlons bar. Serait-il farfelu de le considérer comme un lieu de savoir ? Je ne sais pas. On s’en fout, je me lance. Le bar de quartier, le bar du coin, le bar des solitudes comme le bar de la multitude. N’est-ce pas au comptoir d’un bar que se construit le monde ? (ou du moins, on a parfois l’impression de le refaire…très tard la nuit…) Puisque, avouons-le, travaillant moi-même derrière l’un d’eux, il semble y avoir une corrélation positive entre le niveau d’alcool d’un client assis au bar (ou bien celui de l’aubergiste…) et sa compréhension du monde. (À lire pour les intéressés : Le bar des habitudes de Franz Bartelt). Lieu d’échange, lieu de débat, lieu de savoir donc, et parfois lieu de perdition….Somme toute, le bar est selon moi un laboratoire du savoir et des relations humaines. Et notre centre-ville, en ses enceintes, en compte plusieurs, tous plus intéressants les uns que les autres….

Le savoir s’incarne aussi, et surtout,  par son vecteur de transmission : l’éducation. Force est de constater qu’en matière de transmission du savoir, le centre-ville de Sherbrooke fait bonne figure. Combien d’institutions d’enseignement au centre-ville ? Faites le calcul, j’en compte une dizaine. Faut-il aussi rappeler qu’issue du Séminaire Saint-Charles-Borromée, l’Université de Sherbrooke y inaugurait en 1954 sa faculté de droit, aux cotés de l’Hôtel de ville que nous connaissons aujourd’hui. Et qu’en est-il du nombre d’étudiants qui y vivent !? Se promener sur le plateau Marquette à l’heure du lunch est une démonstration probante, et surtout charmante, de cette saine réalité. Parenthèse: au centre de ce triangle du savoir qu’est le plateau Marquette, on ne pourrait passer sous le silence la force centrifuge qu’exerce la maison du bonbon sur cette marmaille en soif de connaissances….que de bons souvenirs.  Les piliers de notre avenir collectif y abondent jour après jour. À quand un retour de nos institutions d’études supérieures dans les locaux du centre-ville ? Il faut enseigner plus au centro !

Au final, le centre-ville de Sherbrooke, me semble-t-il, est à l’image de l’ensemble des éléments qui le composent : un fertile environnement du savoir…