Gastronomie

Martine Fontaine et Émilie Pinard-Fontaine, propriétaires de la Folle Théière

PAR:
Jean-François Vachon

Depuis près de trois ans, le secteur de la rue Alexandre est en pleine ébullition. Plusieurs commerces dynamiques et originaux ont ouvert leurs portes, tels que le Café Général (2015), le El Tabarnaco (2016), le restaurant Persepolis (2016), l’Empreinte (2016) et les Zerbes Folles (2017). La qualité de ces entreprises, ainsi que la « bonne énergie » de leurs propriétaires, ont contribué à faire du quartier un lieu à fréquenter et à découvrir.

Un ajout positif au quartier

L’arrivée de la Folle Théière, en 2014, a eu un impact tout aussi significatif sur le quartier. En fait, l’entreprise a été l’une des premières à participer au renouveau du secteur. Quand j’ai vu son affiche pour la première fois, au coin King et Alexandre, je me suis dit : « Enfin! » Je travaillais alors dans les bureaux du CSSS sur la rue Camirand. Lorsque je voulais dîner ou simplement changer d’air, j’avais peu de choix. Ma situation était similaire à celle de plusieurs travailleurs. Aucun lieu entre Aberdeen et King n’offrait un espace pour se déposer ou pour se nourrir sainement. Et le Café Utopia venait de fermer.

Dès les premiers jours, la Folle Théière et ses propriétaires (Martine et Émilie) ont donc été accueillies positivement par les habitants du quartier. Au départ, l’entreprise servait uniquement des thés, des tisanes ainsi que des desserts sans gluten. Une offre originale et positive, assurément, mais les gens voulaient également ce qu’ils n’avaient plus : des repas succulents et santé. Martine et Émilie ont dû s’adapter :

« Notre but était d’être un salon de thé. Mais la clientèle voulait des repas et un plus gros menu. On est donc devenu un restaurant. » – Martine

Un virage réussi

Aujourd’hui, le menu de la Folle Théière est très élaboré et apprécié par la clientèle. Tous les plats offerts sont végans et certains d’entre eux sont sans gluten. Faites votre choix : bol-repas, wraps, nachos, sandwichs, burgers, smoothies, falafels… Émilie et Martine ne regrettent pas leur virage vers la restauration. Elles avouent même qu’un salon de thé, tel que le Camellia Sinensis à Montréal, ça aurait peut-être été trop tranquille pour eux!

De toute manière, le lieu demeure encore un salon de thé (dans l’âme), surtout l’après-midi et lors des fêtes telles que la Saint-Valentin, Noël et la fête des mères. Les clients sont invités à déguster le thé « à l’anglaise » en compagnie d’un scone, d’une crème de noix, d’un brownie et d’un sandwich traditionnel aux concombres. En tout temps, La Folle Théière offre une sélection de plus de 40 thés et tisanes. Pour inciter les clients à consommer le thé et favoriser la détente, aucun café n’est servi. Un choix qui a un effet positif selon Émilie : les gens semblent moins survoltés et plus détendus!

La Folle Théière participe également à Bouffe ton Centro chaque année, ainsi qu’à des événements spéciaux. Un volet traiteur est en développement, notamment avec des centres de yoga et des expositions d’art.

Se lancer ou ne pas se lancer

Pourquoi ouvrir un salon de thé? Tout simplement parce que Martine songeait à l’idée depuis longtemps. À mi- carrière, celle-ci était confrontée à un choix : continuer dans son domaine (l’éducation spécialisée) ou réaliser un rêve :

« Pour moi, ouvrir un salon de thé, c’était un peu comme un rêve d’enfance. J’ai été initiée par ma grand-mère au thé et j’aime aussi beaucoup aller dans ces lieux. Il fallait que je le fasse. Il y a des rêves qu’on se dit : « Ce n’est pas grave, si je ne le fais pas. » Mais celui-là, il était important, il fallait que je le réalise, sinon je l’aurais regretté. » – Martine

Sa fille Émilie se retrouve dans une position similaire. Après s’être inscrite en philosophie à l’université, elle prend conscience qu’elle aime la matière, mais qu’elle n’a pas nécessairement envie de faire carrière dans le domaine :

« Je suis de la génération qui commence à se rendre compte que tout le monde fait des « bac » et qu’il n’y a pas nécessairement de certitudes d’emploi ensuite. La philosophie c’était aussi très intellectuel. J’arrivais chez moi, je cuisinais et ça me faisait du bien. Un début de réflexion a commencé et je me suis rendu compte que je serais peut-être plus heureuse à travailler dans un café à rencontrer des gens. » – Émilie

Une fois fixé, le projet se concrétise rapidement. Aidé par des organismes tels que Pro Gestion et la CDEC, Émilie et Martine se lancent à la recherche d’un point de vente et découvre LE local, un coup de cœur, qui en surprend plus d’un encore aujourd’hui. Lorsqu’elle y entre pour la première fois, Martine a un son de cloche du destin : elle avait rêvé à un endroit similaire! Un signe positif assurément.

S’impliquer pour revitaliser le quartier

Émilie apprécie d’être propriétaire d’un commerce au centre-ville, qu’elle souhaite contribuer à revitaliser. Depuis quatre ans, elle siège d’ailleurs au conseil d’administration de l’Association des gens d’affaires pour trouver des solutions en ce sens. Elle est aussi l’une des fondatrices du projet Quartier Alexandre qui vise à revitaliser le secteur. Selon elle, un des principaux problèmes du centre-ville est le fait que les gens ne savent pas où il est situé et comment le parcourir. Elle croit que la conception d’une carte papier pourrait remédier à ce problème. Elle croit aussi que le quartier doit se donner une identité forte pour favoriser son attractivité.

Une deuxième famille

Vu le succès de leur entreprise, Émilie et Martine ont quelques projets en vue, tels que l’ouverture d’un autre point de vente ou la franchisation de leur commerce. En attendant, celles-ci apprécient pleinement le fruit de leur travail : une ambiance unique reflétant un quartier tissé de plus en plus serré, auxquelles elles sont fières d’appartenir :

« Les avocats en veston cravate mangent auprès des étudiants et des gens moins fortunés. Lorsque les tables sont pleines, chacune des personnes se connaît et connaît une personne située à une autre table. C’est super d’être témoin de cela, c’est chaleureux comme ambiance. Nous avons aussi une bonne relation avec nos clients, ça devient un peu des amis, une deuxième famille. »