Stéphanie Maillard, la belle voix du Centro!
Ils sont impliqués et ne cherchent pas à être le centre de l’attention. Ils souhaitent créer du beau et du bon pour que nous puissions profiter d’un milieu de vie dynamique et vivant. Ce sont ces visages que nous croisons tous les jours au cœur du centre-ville. Chaque mois, grâce à notre chroniqueuse, vous aurez la chance de découvrir les visages du Centro. Ces personnes qui croient au développement du centre-ville et qui y contribuent à grands coups de passion et d’amour!
Bien que Stéphanie soit une femme magnifique, dans son cas, j’aurais tendance à dire qu’elle n’est pas un Visage du Centro, mais bien une Voix du Centro! Reconnaissable entre mille, sa voix grave et un peu rocailleuse porte les restes d’un accent de St-Malo twisté à la sauce sherbrookoise! On ne manque pas de la reconnaitre quand elle hèle les clients et envoie des blagues à ses amis commerçants lors des journées festives comme Bouffe ton Centro.
Avant la pandémie, ses habitués savaient aussi que les jeudis soirs étaient parfaits pour s’attabler au Méchant Steak en sirotant une bonne bouteille. C’est qu’elle y chantait des airs de jazz, en duo avec son ami musicien Jean-Jacques Beauchamp. Voyageuse, restauratrice, touche-à-tout et même chanteuse… mais qui donc est Stéphanie Maillard, la coproprio du Masala Café et du Méchant Steak? Je suis allée poper une petite kriek au bar de son resto pour questionner la Bretonne, tout en sirotant des bulles roses!
10 ans de souvenirs…
Alors que nous sommes assises au comptoir, je me remémore de vieux souvenirs et d’anciens partys qui ont eu lieu entre les murs du steak house de la rue Wellington. Stéphanie salue sa fille Mali qui part suivre son cours de guitare pendant que nous ferons semblant de «travailler». Je regarde sa belle grande ado blonde sortir en me disant à quel point les années passent vite!
Nous nous sommes connues à l’époque où nos filles tentaient quelques pirouettes de ballet vers 4 ou 5 ans. Une des premières phrases qu’elle m’a entendue dire c’est «Ôte-toi de sur le tapis, tu vas scraper tes collants!» Gênée, j’avais tenté de baragouiner un équivalent en «français international» quand, grande âme, elle m’avait réconfortée d’un: «Nenon, scraper, ça va hein, je parle Québécois!» Le ton était donné, j’aimais déjà cette fille! Quelques années plus tard, on s’est enfilés des Cosmo au resto et j’avais décidé que je l’aimais encore plus! «C’était quand déjà? Non, attends! Parle-moi du vrai début et de ta rencontre avec Charles…»
Belle pop star cherche grand voyageur
Ce «vrai» début a eu lieu à la fin de 2002… À cette époque, en digne fils de pépiniéristes, Charles Gagnon travaillait comme un fou au printemps et à l’été. Puis, il s’envolait avec son pack sac, souvent avec des amis, et il partait à la découverte d’endroits exotiques, en Asie et en Inde durant quelques mois. Malgré son jeune âge, c’était un voyageur expérimenté, un homme ouvert sur le monde, serviable et attentif.
Steph, elle, vivait depuis 9 ans à Londres. Elle avait quitté sa Bretagne natale pour apprendre l’anglais, bourlinguer, faire de la musique et, de fil en aiguille, elle s’était jointe à un groupe de filles aux origines diverses. «J’ai fait plein de trucs, travaillé dans les restos, dans des boutiques, mais, à 26 ans, j’étais une pop star!» me lance-t-elle en riant! Devant mon air surpris, elle m’explique: «Ça aurait pu marcher… On était quatre filles: une Allemande, deux Anglaises et moi, la Franco! On avait signé un beau contrat avec Sony et sorti une vidéo… D’ailleurs, mon staff aime beaucoup la montrer aux p’tits nouveaux qui arrivent au resto!» Moi qui croyais connaitre Stéphanie, j’avoue que me suis beaucoup amusée de cette révélation et encore plus en écoutant le fameux hit de son défunt groupe Thunderbugs, Friends forever! (De rien!)
S’aimer et cuisiner à l’indienne
«J’étais partie deux mois en Inde avec des copines, Charles était aussi avec des amis, mais quand on s’est rencontrés, on ne s’est plus lâchés… et je ne suis jamais retournée à Londres!» conclue-t-elle tout naturellement. J’ai toujours trouvé que Stéphanie et Charles formaient un beau couple. Le genre qui a l’air d’avoir du fun, de partager des passions et en même temps, de se triper dessus, et ce, même après plein d’années, deux ados et toute une vie à travailler ensemble!
Écouter Steph me parler de leurs débuts de petits jeunes amoureux ne fait que me confirmer cette impression… «Il avait 21 ans, des cheveux longs, des dreads, il était beau comme un cœur et on partageait plein de choses. On a passé du temps dans une famille en Inde où il allait toujours. Il les a aidés en achetant un frigo et une machine à laver et les filles de la famille nous ont appris à cuisiner les recettes traditionnelles. C’est là qu’on a commencé à rêver d’ouvrir un resto indien. Déjà, il parlait de famille et moi, à 29 ans, ça pressait aussi comme envie… Une chance, parce que je suis tombée enceinte de Noa là-bas, en Inde!»
Un mariage, un bébé et un resto!
Après une escale dans les Alpes françaises où Charles a rencontré ses nouveaux beaux-parents, le couple s’est marié en France. Puis, il s’est installé à Magog pour y fonder sa famille. Charles a continué à travailler pour la pépinière familiale. Stéphanie a aussi occupé quelques emplois, mais tous deux continuaient à rêver de resto…
Lorsque leur ami Serge Daigle, alors proprio du Méchant Steak à Magog, leur a parlé du concept, ils ont aussitôt aimé l’idée. «On avait regardé des locaux pour le Masala. Par contre, on voulait un resto assez gros pour avoir des employés et ne pas devoir tout faire seuls. C’était en 2010, Noa avait environ 7 ans et Mali 5; je voulais voir mes enfants grandir et je n’étais pas négociable là-dessus. Le Méchant Steak, nous offrait un genre de clé en mains, alors c’était parfait pour nous lancer», m’explique-t-elle. Au début, Charles combinait le restaurant et la pépinière de Rock Forest. Mais, malgré les horaires surchargés, le couple a gardé le cap, les affaires tournaient bien et l’équipe de travail était stable.
Le Masala, du rêve à la réalité
Cinq ans plus tard, quand le local voisin s’est libéré, l’occasion était parfaite pour enfin renouer avec leurs saveurs préférées. «On était bien runnés grâce au Méchant Steak, les choses roulaient. Le Masala était dans notre tête depuis tellement longtemps que ça a été facile à faire. C’est Charles qui est le chef ici et toutes les recettes sont celles qu’il a apprises dans cette cuisine de l’Inde avec la mama et ses filles… Pendant des années, on a fait des jokes et on disait qu’on n’y retournait pas vu que je tombais toujours enceinte là-bas, mais on devait enfin y aller avec les enfants… Puis il y a eu la pandémie», laisse-t-elle tomber avec cet air d’écoeurantite aigue qu’on traîne tous depuis quelques mois en pensant à ces petites et grandes choses qui ont été chamboulées.
Et si on voyait encore plus grand!
Pourtant, loin d’avoir anéanti les ardeurs du couple d’entrepreneurs, les défis et les périodes creuses des derniers mois leur ont laissé le temps de planifier l’avenir. «C’est difficile de s’en sortir en restauration quand on paye des gros loyers, alors on a enfin acheté la bâtisse qui accueillera le nouveau Masala Café!» me confie la restauratrice, l’œil pétillant. Comme si la boucle se bouclait, alors que l’ancien local du Nephtys Tattoo a été l’un des premiers endroits qu’ils ont visités pour y installer le resto à l’époque, c’est précisément cette bâtisse qu’ils ont acquise le mois dernier.
Ensemble, nous parcourons les quelques mètres qui séparent les deux endroits et nous entrons dans le futur nouveau Masala. Impossible de ne pas partager la fébrilité de Stéphanie à l’idée de voir ces lieux abandonnés, mais magnifiques, se transformer en antre convivial, chaleureux et coloré de la gastronomie indienne sherbrookoise!
Mali nous rejoint, guitare à la main et le cell de Steph vibre d’impatience! C’est notre cue pour nous laisser sur ces images qui nous font gronder le ventre d’appétit. «On aurait pu prendre une autre bière, mais je reçois mon staff à souper ce soir. On leur fait une soirée pour les remercier!» s’excuse-t-elle… comme si elle avait besoin de s’excuser! Pendant que je la remercie de s’être mise en retard en me faisant visiter ses trois adresses au Centro, Frédéric, à qui rien n’échappe, a réussi à capter un dernier éclat de rire de cette belle voix du Centro.
Pour voir ou entendre Stéphanie (et Charles!):
Masala Café
105, rue Wellington Nord
Méchant Steak
111, rue Wellington Nord