Le secret d’Estrie Aide : la valorisation
Depuis 2014, Estrie Aide a accueilli 23 employés à son équipe. Dans le climat économique actuel, il s’agit d’une exception, particulièrement pour une entreprise d’économie sociale. Nous sommes allés sur les lieux pour constater et comprendre ce succès du centre-ville sherbrookois.
En franchissant la porte d’Estrie Aide, c’est une équipe souriante qui nous reçoit et qui s’active dans un grand espace rempli de trésors. Une fois dans le bureau de Claude Belleau, directeur général de l’entreprise sociale, on constate qu’il a l’œil pour donner une deuxième vie aux objets ! La décoration permet de voir tout le potentiel des objets issus de la mine d’or que l’équipe d’Estrie Aide défriche tous les jours.
Un nouveau départ
Voilà maintenant trois ans qu’un grand programme de restructuration a été initié au 345, rue Wellington Sud. Au cours de la première année, c’est principalement l’infrastructure qui a vécu un vent de transformation. L’immeuble avait mauvaise mine et nécessitait une remise sur pied avec sa centaine d’années d’existence et un manque d’entretien manifeste.
En 2014, l’embauche de plusieurs employés est nécessaire pour un travail monstrueux de triage. Un protocole de gestion de la matière est alors mis en place afin de retirer le plus de bénéfices des dons. « Dès la première année, on s’est intéressé à ce volume de matière. On a produit cette année notre premier bilan environnemental et on parle de 1300 à 1400 tonnes de matériel », affirme Claude Belleau. De cette masse, 75 % des objets ont été réemployés, 13 % ont été recyclés et seulement 12% se sont retrouvés aux poubelles.
Une deuxième chance
On parle de seconde vie pour les vêtements, meubles et électroménagers qui passent chez Estrie Aide. Surtout, d’une deuxième vie de qualité, car la matière est travaillée. La création d’emplois s’est faite principalement autour du nettoyage de la matière et de sa réparation. On parle ici de valorisation des objets, mais aussi des employés.
Les différents volets d’Estrie Aide (social, environnemental et économique) s’entrecoupent constamment aux travers des différentes tâches effectuées sous son toit. « Dans notre philosophie d’emploi, c’est justement de reprendre de la matière, de la nettoyer, de la réparer et de la remettre dans le circuit économique local. Les fondements du travail qu’on fait ici, ça ne vient pas d’une vision académique ou théorique qui réfléchit à des modèles de société qui sont plus viables et durables. Nous, on le vit au quotidien », dit Belleau. Réinjecter dans la communauté, créer de l’emploi, détourner la matière de l’enfouissement, créer une activité économique, le tout dans un rayon très proche : voilà le genre de miracle que l’entreprise d’économie sociale crée.
Un souffle jeune
Estrie Aide mise sur la jeunesse pour élargir sa clientèle. C’est pourquoi sa dernière campagne publicitaire a occupé les réseaux sociaux et les murs des milieux scolaires. « La combinaison entre un peu moins de sous et une conscience environnementale forte, c’est gagnant. On veut être l’endroit où ce réflexe-là peut trouver une façon de s’organiser. » Les étudiants peuvent faire de belles trouvailles et ainsi contribuer à cette économie sociale circulaire. « C’est un peu ironique parce que le gaspillage de la société c’est un peu notre fonds de commerce. En même temps, on veut lancer un message de consommation responsable », met de l’avant Claude Belleau. Les notions de réemploi et de gaspillage préoccupent l’équipe d’Estrie Aide. « On est pris dans une société de surconsommation. On ne peut rien y faire, mais on peut faire quelque chose avec les déchets que vous allez produire. »
La prochaine année sera une année de consolidation pour l’entreprise. La croissance débridée des trois dernières années nécessite un travail sur la structure interne afin d’améliorer la qualité de vie des employés. « Tout était à faire. On a tout fait et même un peu plus », confie Claude Belleau. Il ajoute que d’ici deux à trois ans, il aimerait voir chez Estrie Aide la création d’une autre vingtaine d’emplois. Un projet ambitieux, mais réalisable selon lui.