Urbanisme et développement

Centre-ville 2020 : L’opportunité de changer les choses

PAR:
Jérémy Dépault

Le 31 mai se tiendra la journée « Dessine-moi ton centre-ville! », organisée par Commerce  Sherbrooke dans le cadre du projet Centre-ville 2020. Le projet Centre-ville 2020 a été lancé afin de mettre à jour les lignes directrices guidant le développement du centre-ville de Sherbrooke. Après avoir établi un diagnostic poussé du milieu et élaboré un énoncé de vision clair avec la population et les acteurs du milieu, le temps est maintenant venu de passer à l’action et de définir les interventions qui façonneront le centre-ville de demain. Pour vous, citoyens, commerçants, consommateurs ou travailleurs, cette journée constitue une opportunité de changer les choses. Le crayon vous sera tendu. Ce sera à vous de le saisir et de proposer des idées qui orienteront le développement du centre-ville de demain. Mais avant toute chose, je vous propose un retour en arrière afin de mettre en perspective le contexte qui nous amène aujourd’hui à cette activité.

Retour dans le passé, sans DeLorean

Nul besoin de Marty McFly pour revivre le centre-ville d’autrefois. De la fondation de la ville en 1802 jusqu’à la fin des années 1940, le secteur, que l’on définit aujourd’hui comme étant le Centre-ville de Sherbrooke et sa périphérie, regroupait la presque totalité de la population et des activités économiques de la municipalité. Déjà, en 1945, Sherbrooke comptait 40 000 citoyens qui habitaient, travaillaient, consommaient et se divertissaient au « centre-ville ». Les grands magasins, hôtels et bureaux de la rue Wellington, la gare, les marchés et entrepôts de la rue Dépôt, les épiciers, barbiers et marchands des rues Marquette et Alexandre, ou encore les manufactures des rues Rand et Pacifique; autant d’éléments qui, implantés à travers un parc de logements dense et varié, faisaient du centre-ville un milieu de vie urbain et animé.

De prospère à désert

Que s’est-il passé depuis? La réponse est simple, tout en étant compliquée. La démocratisation de l’automobile au sein de la classe moyenne, au début des années 1950, est venue modifier la façon d’aménager, mais également de vivre la ville. Symbole de réussite et de liberté, l’automobile a rapidement fait son apparition chez les ménages de la classe moyenne, pour qui le revenu disponible atteignait des sommets historiques grâce à un contexte économique favorable d’après-guerre. En quelques années, une strate complète de la société a troqué son petit logement en ville au profit de maisons unifamiliales situées en périphérie. Avec le temps, la quantité d’embouteillages paralysant le réseau routier du quartier centre a connu une hausse proportionnelle au nombre d’automobiles en circulation. L’effet d’entrainement était lancé : lentement mais sûrement, la population du centre-ville subissait un déclin au profit de la périphérie. Les commerçants et les bureaux d’affaires ont délaissé les petites artères du centre-ville au profit des centres commerciaux et des larges boulevards urbains, tandis que les industries ont été contraintes d’abandonner les secteurs ferroviaires au profit des grands carrefours routiers, plus propices au transport par camion.

Beaucoup de jus de bras

Plusieurs actions ont été menées par le conseil municipal et par le milieu dans le but d’inverser cette tendance. Un premier plan de développement a été élaboré en 1974 afin de stopper la saignée. Ce plan, réalisé dans un esprit de « modernisation » du milieu, proposait deux grands axes d’intervention: la consolidation de la fonction commerciale sur la rue Wellington Nord et la création d’un quartier administratif sur le plateau Marquette. La construction de l’actuel Palais de justice, de la bibliothèque municipale et de l’ancien poste de police de Sherbrooke découle en partie des orientations proposées par ce plan, tout comme la construction des marquises ayant coiffé les trottoirs de la rue Wellington durant 20 ans. Les impacts mitigés du plan de 1974 ont toutefois poussé le conseil municipal de l’époque à revoir les stratégies d’intervention pour stimuler la vitalité du centre-ville. Un second plan directeur a donc vu le jour en 1990. Contrairement à son prédécesseur, il s’intéressait à l’ensemble du milieu et non seulement aux commerces et bureaux. La réalisation de la promenade du lac des nations et la construction des sentiers des gorges de la rivière Magog découlent en partie du plan directeur de 1990. C’est aussi à cette époque qu’a débuté la revalorisation architecturale de la rue Wellington Nord avec les programmes de rénovation de façades et le démantèlement des marquises.

Après la pluie, le beau temps

Aujourd’hui, après plusieurs années difficiles, les efforts de revitalisation portent fruit. Le phénomène d’exode tend à s’inverser. De plus en plus de commerçants, de bureaux d’affaires, de restaurateurs et même de résidents choisissent sciemment de s’établir au centre-ville, et non plus par dépit. Bien que cet état demeure fragile, plusieurs indicateurs portent à croire que la tendance est là pour rester : vieillissante, la population cherchera de plus en plus à se rapprocher des services. De plus, la baisse sentie de popularité de la banlieue comme lieu d’habitation chez les plus jeunes profite aux quartiers mixtes et animés. La hausse constante du prix des carburants pousse également certains ménages à rechercher des alternative au « tout à l’auto ». Dans cette perspective, il est permis de croire que les plus belles années du centre-ville sont devant nous. Beaucoup de travail reste toutefois à faire pour y parvenir. C’est pourquoi Commerce Sherbrooke vous invite le 31 mai à venir jeter les bases du centre-ville de demain, le centre-ville dont rêvent les Sherbrookois depuis plus de 40 ans. Collectivement, nous devons saisir cette opportunité de changer les choses.

Inscrivez-vous à l’adresse suivante : centrevilledurable@commercesherbrooke.com, et faites vite, les places sont comptées!