Art Et Culture

Excavation & Poésie : Puissance festive de la scène musicale Sherbrookoise à découvrir

PAR:
Isabelle Bouchard-Veillette

Mon premier contact avec le rythme festif et engagé d’Excavation & Poésie s’est déroulé par hasard, en première partie d’une autre formation musicale appréciée des Sherbrookois et de la faune du centre-ville.

Les propos véhiculés, le son « folk littéraire », l’identité forte du groupe a immédiatement attiré mon attention de même que l’accueil chaleureux du public sherbrookois.  Les propos aussi, parfois tabous, nuancés, polarisés mais toujours assumés. Un vent de fraîcheur,  marqué d’une profondeur de dénonciations et de propos engagés.  Et la place des mots, tout aussi importante que la trame sonore.

Les fondations

Le groupe formé de Charles Lapierre (guitare et voix),  Olivier Dussault (contrebasse et voix), Laetitia Franco-Lévesque (violon et voix) et Rafaël Poggetti (percussion et voix) s’inspire de la colère et de ce qu’il perçoit du monde lors de son processus de création. Le groupe mise sur des valeurs communes comme fondations et l’envie de faire voyager la musique partout où il pose le pied.

Lors d’une discussion sur leur processus d’écriture et de composition, Charles aborde des thèmes comme la vulnérabilité, l’intimité, différents enjeux de société, la masculinité toxique, l’environnement ainsi que la multiplicité des diagnostics à l’ère actuelle. La puissance des mots et des sujets abordés. Il faut dire que Charles et Olivier se sont rencontrés lors de leur cheminement académique en psychologie à l’Université de Sherbrooke. Deux musiciens avec de projets pleins la tête, des idées en ébullition et une volonté de faire sa place et de dire les choses différemment. L’année suivante Leticia et son charmant violon ont fait leur arrivée avec le duo pour finalement accueillir Raphaël, aux percussions  pour compléter le quatuor. L’esprit de collaboration et la mise en valeur des qualités et points forts de chaque membre du groupe émergent lors de nos échanges. Cet esprit collaboratif est mis de l’avant dans tous les projets d’Excavation & Poésie.

Lancement et sociofinancement

Mettant en avant-plan l’adaptabilité, la formation s’est ajustée avec la mise en ligne d’une campagne de sociofiancement  (La Ruche) afin de promouvoir l’album et sa distribution tout en offrant des contreparties vraiment très intéressantes pour les donateurs. L’occasion de contribuer, d’une toute nouvelle façon à la créativité et de faire une différence pour la formation indépendante.  La campagne permettra la promotion de l’album et du recueil, les soirées de lancements prévus à Sherbrooke, en Abitibi, dans le Bas-du-Fleuve et à Montréal, le graphisme et les illustrations (magnifiques de Camille Lopez), l’impression des albums à partir de matériaux recyclés, l’agrandissement de l’équipe notamment avec un pisteur et un metteur en scène  et peut-être même l’enregistrement du prochain album!

Le lancement  sherbrookois de leur premier album, Émissaires,  était prévu le 1er mai dernier à la Petite Boîte Noire. J’avais prévu y assister. La pandémie a changé les plans.   Fait intéressant, le groupe lancera (quand même) l’album avec un recueil de poésie imprimé chez Les Heures Bleues : « Le recueil de textes permet de désencombrer l’intimité, d’évoquer les nombreuses parties d’un même projet en amenant une discrétion, un hommage. Dans notre musique, les mots ont une place majeure mais pas unique, il serait illusoire de penser que les mots ont toute la place sur une scène. »

Se réinventer à l’ère de la Covid

Excavation & Poésie peaufine une chanson  sur la réalité des préposés aux bénéficiaires. L’urgence du moment a permis la mise en lumière d’enjeux sur lesquels le groupe a décidé de s’attarder afin de dénoncer et rendre hommage.  Un premier single de l’album, Anti-Rap,  est maintenant disponible sur toutes les plateformes d’écoute numérique.

Avec les spectacles de l’été annulés ou reportés, le groupe se concentre maintenant sur les prochaines étapes à venir pour maximiser leur lancée :

« La musique c’est vraiment pas juste de la musique. Pour les groupes indépendants, il est important d’établir de bonnes relations de presse. La culture n’est pas une priorité depuis le début de la crise, nous avons hâte de voir du monde et de faire voyager notre musique. Le public sherbrookois est comme une grosse famille. Notre sentiment d’appartenance est très marqué. »

En attendant de pouvoir les voir sur une scène ou dans les salons du livre du Québec, vous pouvez vous procurer l’album et le recueil en contribuant à la campagne de sociofinancement.