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La distanciation n’a rien de social!

PAR:
Claudelle Cyr

Dès le début de la pandémie, les organismes communautaires s’activaient afin de répondre aux besoins de base des personnes qui fréquentent leur milieu, mais aussi à répondre aux demandes qui, on le constate maintenant, ne cessent d’augmenter. C’est aussi le cas au centre-ville de Sherbrooke.

Ils ont su adapter leurs activités régulières en offrant, par exemple, du dépannage alimentaire, des lignes d’écoute téléphonique et des appels d’amitié en visioconférence. Certains arpentent les rues tous les jours afin de s’assurer que personne ne sera laissé seul à soi-même.

La force du milieu communautaire réside dans sa capacité à s’adapter rapidement afin de maintenir une partie du filet social. Ce sont, par exemple, les organismes d’aide aux personnes sans domicile fixe, aux jeunes marginalisés, aux familles épuisées, aux personnes âgées isolées.

Grâce à eux, des centaines de personnes de Sherbrooke maintiennent des liens significatifs avec une intervenante, évitant ainsi d’aggraver l’isolement social déjà présent. D’autres reçoivent un coup de main pour remplir le garde-manger, soit parce qu’elles sont dans l’attente de revenu, ou parce qu’elles faisaient déjà face à une situation de précarité, le dépannage alimentaire leur étant nécessaire bien avant que le Québec ne se mette sur pause. La pauvreté et l’exclusion sociale existaient avant mars 2020…

Déconfinement

À l’aube d’un déconfinement, le milieu communautaire sait qu’il devra rester au front à tenter d’apporter des réponses aux besoins des personnes. Les travailleuses et travailleurs continueront d’arpenter la Wellington afin de piquer une jasette avec Anthony, 17 ans, qui vit dans une famille dysfonctionnelle et qui a besoin d’accompagnement pour mettre en branle un projet de vie. Ils continueront d’appeler Monique, 82 ans, qui désespère d’être confinée à la maison sans voir ses petits-enfants et qui sait que, pour elle, le temps continuera d’être long. Ils s’assureront que Jacques ait du transport médical pour se rendre à sa chimiothérapie.

Ces organismes sont implantés partout au Québec. Ensemble, ils contribuent davantage au PIB que le secteur du transport ou de l’extraction minière. Ils contribuent aussi à l’économie locale en choisissant le traiteur du coin pour leurs activités, la papeterie et l’imprimeur de quartier, etc.

Soutien

Actuellement, il y a de belles initiatives qui favorisent l’achat local afin de soutenir nos commerçants en ces temps difficiles. Nous assistons à de beaux élans de solidarité, à un désir d’investir dans sa communauté. Force est quand même de constater que cette pandémie va bouleverser pour des années encore la vie des gens. Le confinement aura généré davantage de crises familiales, de détresse, d’isolement… Plusieurs ne retrouveront pas leur emploi et des commerces resteront fermés.

Déjà plus que sollicités avant cette crise, tentant de joindre les deux bouts avec une participation de l’État souvent bien mince, ces organismes nécessiteront qu’on les soutienne eux aussi. Cependant, sans eux, votre voisine serait peut-être encore victime de maltraitance de la part de son fils, votre neveu habiterait peut-être dans la rue et vous-mêmes n’auriez peut-être plus grand-chose dans le frigo. Conscients que les collectes de fonds seront difficiles et qu’il est hors de question de demander à la population de donner généreusement alors qu’une grande partie d’entre elle tentera de se relever péniblement, la question du soutien qu’on peut leur apporter reste entière.

Mais une chose est certaine, c’est avec une envie de changer le monde et de prendre soin les uns les autres que ces travailleurs et travailleuses continueront chaque matin de faire du bien à ceux qui en ont besoin.

Claudelle Cyr est directrice du Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie (ROC).