Les Visages du Centro : Claude Belleau, un peu de folie et de rêve
Ils sont impliqués et ne cherchent pas à être le centre de l’attention. Ils souhaitent créer du beau et du bon pour que nous puissions profiter d’un milieu de vie dynamique et vivant. Ils sont ces visages que nous croisons à tous les jours au cœur du centre-ville.
Pendant la prochaine année, vous aurez la chance de découvrir ces visages du Centro. Ces personnes qui croient au développement du centre-ville et qui s’y impliquent tout au long de l’année à grands coups de passion et d’amour.
Quand il a décidé de reprendre les rênes de l’entreprise d’économie sociale Estrie Aide, Claude Belleau avait un objectif en tête : redonner un peu de lustre à cet organisme important, dont la mission est d’offrir un soutien matériel au segment plus démuni de la population. « J’ai découvert un diamant, enseveli sous une lourde couche de poussière. Le défi était donc de rebâtir à partir du potentiel existant », clame d’emblée celui qui agit à titre de directeur général d’Estrie Aide depuis près de trois ans.
Il faut dire que M. Belleau carbure aux défis. Lorsqu’il est questionné sur les motifs qui l’ont amené chez Estrie Aide, sa réponse est sans équivoque : le destin. Après une carrière passée à l’international pour le compte des Nations Unies, le Sherbrookois d’origine a décidé de mettre fin à son errance et de rentrer au bercail. Il n’était alors pas question de rester les bras croisés pour cet homme de principes. Il souhaitait s’impliquer dans son milieu. Il a d’abord mis à profit son expérience humanitaire au service des réfugiés nouvellement arrivés en Estrie. Par la suite, la possibilité d’être à la tête d’Estrie Aide lui a été offerte et celui qui a tout d’un homme d’action n’allait pas passer à côté de cette opportunité. « J’y ai tout de suite vu un grand potentiel. Estrie Aide avait vécu d’importantes difficultés financières et souffrait d’un manque d’entretien. C’était un défi intéressant, pour lequel j’avais le goût de m’impliquer. »
Un vent de changement pour Estrie Aide
À chaque année, entre 700 et 800 tonnes de matière transitent entre les murs de l’entrepôt situé sur la rue Wellington Sud. « On est l’intermédiaire entre le citoyen et la dompe, en quelque sorte! », s’exclame M. Belleau. On s’imagine donc que le défi est de gérer intelligemment cette matière, de façon à en détourner une grande partie de l’enfouissement.
Pour y parvenir, plusieurs changements devaient être apportés. Au cœur de ceux-ci, l’image de marque de l’organisme à but non lucratif fondée en 1997. « Lors de mes débuts, j’avais l’impression de venir travailler dans le Bronx, avec tous les graffitis qui arboraient les murs du bâtiment! » Estrie Aide a donc fait peau neuve, grâce à des travaux de rénovation et un partenariat développé avec certains artistes de la région appelés à y ajouter une touche de créativité pour enjoliver le milieu. « L’objectif était de ramener un peu de fierté et de dynamisme à cet organisme qui avait fait sa marque par le passé, mais qui avait besoin d’un petit coup de pouce », se remémore M. Belleau. Une fois les travaux terminés, le magasin a pu recommencer à fournir meubles et autres fournitures aux gens dans le besoin grâce au programme de dons. La relance du magasin a d’ailleurs permis la création de 23 emplois en deux ans.
Rêver
Maintenant que les difficultés financières sont derrière eux et qu’ils semblent sur une bonne voie, qu’est-ce qui attendent Estrie Aide et Claude Belleau au cours des prochaines années? « Je rêve du moment où nous parviendrons à élever la conscience environnementale de la population en contribuant à une réflexion en profondeur sur la consommation responsable et le réemploi. Pour y arriver, nous devons devenir un meilleur citoyen corporatif et perfectionner nos processus de gestion », soutient celui qui s’implique également au sein du Festival du cinéma du monde de Sherbrooke, à titre de président.
M. Belleau a d’ailleurs déjà commencé à passer de la parole aux actes grâce à un projet visant à dresser un portrait juste de la matière reçue à l’entrepôt et de valoriser cette dernière. D’autres idées originales et novatrices sont également sur la table à dessin, comme l’aménagement d’un jardin sur le toit de l’immeuble et un projet de garbage beauty. Des idées folles, direz-vous? « Il faut être un peu fou et un peu rêveur pour essayer de changer les choses », vous répondra M. Belleau, d’un ton inspirant.