Émilie Pinard-Fontaine, la nouvelle Madame Centro!
Ils sont impliqués et ne cherchent pas à être le centre de l’attention. Ils souhaitent créer du beau et du bon pour que nous puissions profiter d’un milieu de vie dynamique et vivant. Ce sont ces visages que nous croisons tous les jours au cœur du centre-ville. Chaque mois, grâce à notre chroniqueuse, vous aurez la chance de découvrir les visages du Centro. Ces personnes qui croient au développement du centre-ville et qui y contribuent à grands coups de passion et d’amour!
Quand Philip Bastarache a annoncé son départ du poste qu’il occupait à Entreprendre Sherbrooke (anciennement Commerce Sherbrooke), beaucoup se sont demandé qui le remplacerait… J’étais moi-même curieuse de voir qui l’organisme choisirait. Il fallait quelqu’un de dynamique, qui n’a pas peur de relever des défis, qui est capable de susciter l’adhésion, qui connait bien le centre-ville de Sherbrooke et la réalité des commerçants… Bref, beau défi! C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert que c’est finalement Émilie Pinard-Fontaine qui avait obtenu ce poste pivot essentiel à la revitalisation de notre beau Centro. Je me souvenais bien de celle qui a été à la barre de Folle Théière, qui s’est impliquée auprès de l’Association des gens d’affaires du centre-ville de Sherbrooke et du Quartier Alexandre lorsque son commerce était en opérations. Je me rappelais qu’elle m’avait confié vouloir retourner aux études et j’avais vu qu’elle avait été ensuite embauchée comme journaliste par La Tribune. Émilie revenait donc s’occuper de notre beau Centro… J’ai eu envie de la rencontrer afin qu’elle me raconte cette belle transition.
Une petite fille sage, mais déterminée!
Je suis allée rencontrer Émilie en mai, alors qu’elle venait tout juste d’entrer en poste. Même si nos routes se sont croisées à quelques reprises au fil des années, j’avais le goût de la connaitre davantage. On est donc parties du début, tout en nous baladant au cœur de la ville. «Je suis une fille d’ici, j’ai grandi dans le nord, j’ai fréquenté la maternelle à Brébeuf avant de faire deux ans à Sacré-Cœur, puis nous sommes déménagés quelques années à Waterville», me confie-t-elle. De retour à Sherbrooke quelques années plus tard, elle s’est dirigée en Arts et Lettres au cégep avant de faire son entrée à l’université. «J’ai hésité entre la philo et la littérature. J’aimais lire et écrire et j’adorais les bibliothèques!», poursuit-elle. On est loin de la petite fille rebelle!
Et si on faisait des douceurs… véganes!
«Je suis fille unique et j’ai toujours eu une bonne relation avec mes parents. J’habitais encore chez eux quand j’ai réalisé que la philo n’était pas faite pour moi. Malgré mon amour des mots, je trouvais que ces études étaient trop intellectuelles et j’ai commencé à cuisiner pour me grounder», m’explique-t-elle. À l’époque, sa mère et elle aimaient bien s’imaginer tenir un salon de thé où elles serviraient de bons desserts. De fil en aiguille, les deux femmes se sont ensuite inscrites à un cours de desserts chez Crudescence, sont allées cogner à la porte de Pro-Gestion Estrie (maintenant Entreprendre Sherbrooke), puis ont exploré les locaux à louer à proximité du centre-ville. «Un jour, j’ai dit à ma mère «Si tu le fais, j’embarque!» et ç’a commencé comme ça! On a signé un bail d’un an, on ne s’attendait à rien, mais on s’est lancées à l’été 2014 en se disant qu’on verrait bien comment ça se passerait…», me décrit celle qui a été surprise par la vague de succès qui a suivi ces débuts plutôt discrets.
De salon de thé à resto achalandé… un beau problème!
C’est ainsi que la mère et la fille se sont retrouvées à la tête du premier resto 100% végane à Sherbrooke. Par contre, celles qui, au départ, n’avaient envie que de cuisiner des douceurs, ont vite eu à faire face aux demandes de leur clientèle. «La formule salon de thé et desserts n’aurait probablement pas fonctionnée. Rapidement, on est devenu un resto où les travailleurs du Centro venaient chercher un diner végane. Alors que nous n’avions aucune expérience en restauration, on a dû embaucher, on s’est retrouvées avec des heures de rush, de la préparation à planifier et beaucoup d’aspects à gérer… Cinq ans plus tard, j’ai fait le constat que je ne réalisais plus mon rêve et j’ai eu envie de me réorienter», souffle la jeune femme décidée.
Même si je comprends que cette décision a dû être déchirante autant pour la mère que pour la fille, je regarde Émilie me parler de son parcours avec passion et je me dis qu’elle a sûrement fait le bon choix. Elle m’explique: «Ma mère a envisagé garder le commerce, mais une suite d’événements l’ont convaincue qu’elle aussi devait peut-être entamer un nouveau chapitre de sa vie.» Folle Théière a donc fermé ses portes à la fin août 2019 et maman Martine a depuis ouvert son traiteur végane, Colibri 21, et elle continue de régaler les Sherbrookoises et les Sherbrookois de ses créations. «Je repense souvent aux gens, à nos clients, à cette communauté que nous avions réussi à créer. C’est l’aspect qui me manque le plus, mais j’étais prête pour un changement», poursuit-elle avec sagesse.
Prête à écrire une nouvelle page…
Après avoir hésité entre l’administration des affaires et les communications, la jeune entrepreneure a choisi ce dernier programme en espérant pouvoir apprendre davantage de nouvelles notions. Le journalisme lui a particulièrement plu puisqu’il lui permettait d’observer les faits, d’être dans l’action et de contribuer à son rayonnement en partageant les informations. Son embauche à La Tribune, d’abord comme stagiaire puis en tant que journaliste a donc été des plus formateurs.
«Même si je savais que j’aurais pu rester longtemps au sein du quotidien sherbrookois, quand j’ai vu passer l’offre d’emploi de conseillère à la dynamisation commerciale, j’ai vraiment eu l’impression que ce poste était pour moi!», m’explique-t-elle. En effet, en tant que résidente du Centro, l’ancienne femme d’affaires possède à la fois la vision des entrepreneurs et celle des utilisateurs des commerces du centre-ville. «J’ai habité sur King Ouest, sur la Well Sud et je suis maintenant sur Olivier. Mon conjoint est impliqué en politique depuis plusieurs années. Moi aussi j’ai siégé sur des comités et, même si j’ai fait une pause pour mon retour aux études, j’ai le sentiment que je retrouve les choses un peu à la même place tellement la pandémie a tout figé… C’est à la fois un peu triste, mais rassurant puisque je ne me sens pas du tout dépassée. Le travail à accomplir est colossal, mais je connais bien les dossiers et les enjeux sur la table», me confie-t-elle avec confiance.
Destination Centro
Après avoir parcouru la Well de part et d’autres je lui pose enfin la question qui tue: «Et pour l’avenir Émilie, qu’as-tu envie de réaliser?» Nous sommes au pied des futurs bureaux qui réunira les principaux organismes de Sherbrooke, là où beaucoup de grandes décisions se prendront sous peu. Elle inspire et me répond dans un souffle: «J’ai envie de fédérer le centre-ville que je connais, que je vois, que je marche et dont je connais tous les recoins! Je veux mettre des noms sur les visages de tous ses artisans. J’aimerais redonner aux commerçants le goût de se mobiliser, parce qu’en gang, on va tellement plus loin! Je souhaite que les gens aient envie de se réapproprier les lieux et de pousser les portes de tous les endroits coups de cœur dont les rues regorgent!» Je regarde son sourire plein d’espoir et je me dis qu’on serait fou de ne pas la suivre dans de si beaux projets!
Entreprendre Sherbrooke
Dynamisation commerciale au centre-ville