Il y a cinq ans, le promeneur solitaire s’en est allé
Déjà cinq ans (13 septembre 2008) que l’ami Foucault nous a quittés. Après plusieurs détours empruntés au gré de son parcours secret, le promeneur solitaire s’en est allé. Sa vie durant, il aura emprunté les sentiers battus de la Ville Reine, de la Cité des rivières, de la Ville universitaire.
En quelques mots, rappelons à la mémoire et pour hommage ce fou du village, ce marcheur infatigable, qui aura marqué un pan de notre histoire. À la veille de Noël, saluons aussi ceux et celles qui distribuent l’espoir au coin des rues, en nos maisons, sur nos perrons.
La Rochefoucault de Sherbrooke
À deux pas de chez ma tante Aline, que nous visitions tous les dimanches, après la messe, trônait, fière et rebelle, la maison des Tessier. De style vernaculaire, cette modeste demeure de la côte Clark, dans la paroisse Saint-Boniface, maintenant Nativité-de-Jésus, bien qu’elle n’eût rien de hantée, excitait la curiosité.
Pourquoi? Du seul fait qu’elle abritait le désormais célèbre Foucault.
Comme le légendaire curé Biron, mieux connu sous le nom d’évêque de l’Est, le policier Lacasse, dans sa cuve, à l’intersection des rues King et Wellington, ainsi que la vieille fille Annette Coderre, réputée riche mais combien économe, Foucault fascinait et intriguait tout à la fois. Autre temps, autres mœurs, me direz-vous…
D’aussi loin que je me souvienne, Foucault était sans le sou, portait des oripeaux ; il sentait le vieux, même si pour tous les enfants du monde, les fous n’ont pas d’âge!
À la suite d’un accident bêbête au cours duquel il fut assommé d’un madrier derrière la tête, alors qu’il bossait sur un chantier de construction, on l’avait volontiers surnommé le « fou du village ». C’est du moins ce que nous connaissions de ce collectionneur jaloux, de cet irascible gaulois qui possédait pour toute richesse le seul fond de sa poche.
Je ne sais trop ce qu’il raconterait aujourd’hui? Ce que ce pauvre bougre, ami des cailloux et des cartons, marmonnerait ce matin? Ce qu’il penserait du Centro de Sherbylove.
Par moments, il m’arrive d’imaginer ce qu’il en a retenu, lui qui a arpenté la ville, d’est en ouest, d’un pont à l’autre, de long en large. Lui qui en a exploré les coins et les recoins, les raccourcis et les chemins de traverse; qui en a apprécié les beautés, de même les mille et un secrets…
Pour mémoire, saluons en cette période riche de souvenances celui que j’ai nommé pour les besoins de l’anecdote : la Rochefoucault de Sherbrooke.