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Quelques grands disparus du Centro

PAR:
Sylvie Luce Bergeron

Alors que le centre-ville de Sherbrooke est appelé à se transformer au cours des 25 prochaines années et que Commerce Sherbrooke a dévoilé son plan directeur, dans le but de guider les décisions qui prévaudront à son nouvel aménagement, rappelons à la mémoire trois grands disparus de ce centre-ville que l’on veut convivial, animé, vert et durable !

Sans revenir trop loin derrière ni vouloir insister sur des moments plus sombres, saluons tout de même ces hommes et ces femmes qui nous laissent des souvenirs riches d’enseignement. Soulignons aussi ces lieux qui ont nous ont fait rêver, ne serait-ce qu’un moment passé en bonne compagnie.

josée perreault centre-ville sherbrooke

*Crédit photo : Institut des arts figuratifs

Parmi les artistes qui ont su dynamiser en lieu et place la rue Wellington Nord,  mentionnons l’aquarelliste de renom Josée Perreault. Lors d’un vernissage posthume tenu en juin dernier à la galerie Art/Azo, la famille et les amis ont voulu la saluer une dernière fois. Reconnue pour sa maîtrise exceptionnelle de cette technique picturale et ancestrale, elle nous laisse une œuvre caractérisée par une luminosité avec force nuances. Pour son village d’adoption, Saint-Adrien, dans les Cantons-de-l’Est, elle laisse des toiles et des créations lumineuses, mais aussi le souvenir d’une femme profondément engagée. Pour Sherbylove, c’est sans aucun doute une coloriste qui aura inspiré, entre autres, les artistes Suzanne Therrien, Jeannine Bourret, Manon Carrier et Chantal Julien, réinstallées depuis le mois de septembre en atelier, au deuxième étage de la boutique de Madame Pickwick.  

arturo centre-ville sherbrooke

*Crédit photo : Ginette Souchereau

On l’appelait volontiers « Arturo, el amigo ». C’est que quelques heures avant la nouvelle année 2015, il s’en est allé… sans crier gare ! Et ils ont été nombreux à vouloir témoigner de leur affection à son égard. Ils l’ont fait dans le plus grand respect, lors d’un après-midi festif et d’une soirée dansante sur les rythmes chauds de la formation Habana Café. À cette occasion, des clients, des amis et des proches, non seulement du Loubards, mais aussi du Classyco Café, de l’Université de Sherbrooke et du Centro, sont venus célébrer et signifier leur profond désarroi devant ce décès si subit. Au bas mot, près de 17 000 $ ont été amassés, dans un élan de générosité remarquable, afin de rapatrier à Cuba le corps et les effets personnels de l’ami Arturo. C’était primordial pour la mère de l’enfant qui en avait exprimé à la fois le vœu et la prière.  Aujourd’hui, même si la famille et les parents restent encore sous le choc, Arturo, lui, est entre bonnes mains : certainement en route pour un long et paisible voyage !

lpbn centre-ville sherbrooke

*Crédit photo : Arlette Vittecoq

Les événements de cette fin de semaine de la mi-janvier ont été sans doute éprouvants pour les locataires et les commerçants de la rue Wellington Sud.  Ici, alors que la formation Blood and Glass était en pleine prestation musicale sur la scène du rez-de-chaussée, rappelons que le vieil édifice de la Petite Boîte noire a été la proie des flammes dans la nuit de vendredi à samedi.  Le feu dans l’entre-toit a nécessité l’intervention d’une soixantaine de pompiers qui, par un temps glacial, ont réussi à maîtriser la bête et ce, après un dur labeur. Cinq personnes se sont ainsi retrouvées à la rue, sitôt prises en charge par la Croix-Rouge.

Comme le chroniqueur et bourlingueur culturel Dominic Tardif l’a si bien exprimé : « Sherbrooke, sans la Petite Boîte  noire, c’est aussi inimaginable et triste qu’une chanson rock sans guitare électrique »1. À pareille enseigne, il est vrai de dire que le centre-ville vient de perdre un de ses lieux de prédilection, où se produisaient, bon an mal an, de nombreux groupes de la scène émergente estrienne et québécoise. Cet incubateur aussi de la relève sherbrookoise, faisant désormais partie du paysage culturel sherbrookois, il nous faut espérer que le projet de Jacques-Philippe Leblanc, de Philibert Bélanger, de Georges Goulet et Julien Colin, puisse renaître de ses cendres dans les meilleurs délais. Ce fut d’ailleurs le cas pour le restaurant Pizzicato, en voie de rouvrir ses portes, que la galerie-atelier Art/Azo, de retour au Centro, après quelques mois sur la rue King Ouest, et que la micro-brasserie le Boquébière, en pleine effervescence à la suite de dégâts causés également par le feu. Nous souhaitons longue vie au centre-ville et à tous ses acteurs qui le rendent si pittoresque aux yeux de ceux et celles qui savent le fréquenter à toute heure du jour et de la nuit !

À noter que les spectacles prévus les vendredis en lieu et place, grâce à la collaboration du Théâtre Granada jusqu’en mai prochain, sont annulés, reportés ou redirigés.

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1. Dominic Tardif, « C’est pas trop tôt en Estrie », Société Radio-Canada, Estrie, 19 janvier 2015.