En roadtrip musical avec Alain de Lafontaine
Il y a de ces personnages à Sherbrooke qui n’ont pratiquement plus besoin de présentation… Alain de Lafontaine est de ceux-là. Gestionnaire, organisateur de spectacles et d’événements, restaurateur, tenancier de bar et auteur ne sont que quelques-uns des chapeaux qu’il porte tour à tour ou parfois tout à la fois!
Il m’a donné rendez-vous au Café Pierre Jean Jase pour discuter du lancement de son deuxième roman Un été hippie – Une odyssée musicale. Je le retrouve accoudé au bar en train de bavarder gaiement avec les proprios. Évidemment, tout le monde connaît Alain, car le Centro est son terrain de jeux depuis de nombreuses années déjà! Nous nous asseyons autour d’une petite bière québécoise pour entamer une discussion animée.
D’entrée de jeu, je le taquine un peu : «Tu viens de prendre la présidence du C.A. de la Petite boîte noire et tu sors un roman… Coudonc, tu n’es pas supposé être à la retraite, toi?» Le ton est donné, car moi aussi je connais un peu Alain, évidemment! Le nombre de ses activités et implications me surprend. C’est un euphémisme de dire qu’il n’a pas la retraite paresseuse! Les yeux pétillants, il me parle des nombreux projets qu’il avait envie d’entreprendre et de ce livre, qui s’est rapidement imposé comme celui qui allait voir le jour en premier. Car, du plus longtemps qu’il se souvient, ce grand mélomane a toujours eu une chanson dans la tête.
Peace and Love
C’est donc tout naturellement qu’il a eu envie d’écrire ce roman, dont la trame s’est construite à travers une épopée musicale qui alterne entre le Québec des années 50 et les belles années hippies de 67-69. C’est en effet sur cette période-clé que l’auteur a eu envie d’ouvrir une brèche; ce moment dans l’histoire au cours duquel les jeunes ont vécu une véritable révolution, avant que ça ne dégénère, alors que tout était encore Peace and Love.
À travers les bribes d’histoires qu’il me raconte, je sens son envie de nous décrire un monde auquel nous n’aurons plus accès : ces échanges, ces rencontres, cette insouciance et cette liberté. Je ne serais pas partie sur le pouce à 17 ans pour découvrir des festivals de musique… et aucune chance que je laisse mon ado le faire non plus! Pourtant, en l’écoutant, je me surprends à rêver de ces années que je n’ai pas connues, je m’imagine dans la boue, à écouter chanter Janis Joplin parmi 450 000 personnes en transe. Il me décrit le costume à franges de Jefferson Airplane et soudain, White rabbit résonne dans ma tête et je ne vois plus cette chanson mythique du même oeil.
On continuera ainsi à discourir et il évoquera les belles rencontres qu’il a faites au cours de sa carrière, les artistes qui l’ont impressionné, mais aussi les vrais fans qui connaissent chacune des paroles des chansons et les foules vibrantes d’intensité. On s’amusera à essayer d’estimer le nombre de spectacles qu’il a pu organiser, mais entre ses années de cégep, le Loubards, le Café de Lafontaine, le Granada, les Concerts de la cité, Sherblues et tous les autres… c’est une tâche impossible! Il laissera d’ailleurs transparaître une petite pointe de nostalgie et m’avouera que les spectacles lui manquent parfois, mais le plaisir des gens encore plus…
Je le quitte donc avec l’envie de plonger dans cette belle ère et de me laisser bercer au rythme de son odyssée musicale. Pendant que je dévore les pages de son roman avec ma nouvelle playlist Un été hippie qui joue en sourdine, je me dis qu’encore une fois, Alain Lafontaine nous a fait une offrande musicale bien plaisante!