Chronique

George William Hill : un artisan du centre-ville

PAR:
François Bouchard

Qui d’entre vous se souvient de George William Hill? Allons-y d’un indice : cet homme est né à Danville, autrefois appelé Shipton, en 1862, et est décédé en 1934. Toujours pas?

Sa méconnaissance n’étonne guère, car ses œuvres sont aujourd’hui probablement plus connues que l’homme qui les a sculptées. George William Hill a appris à tailler la pierre dans sa jeunesse puis s’est déplacé à Paris afin de perfectionner son art à l’École nationale des beaux-arts puis à l’Académie Julian. Il a étudié avec de grands noms, dont le Français Alexandre Falguière, entre autres créateur du Monument à Balzac en 1902 que l’on peut voir à Paris et Jean-Antoine Injalbert, sculpteur du Monument à Molière en 1897 situé à Pézenas, en France. Cinq ans plus tard, il est revenu au Québec où il a réalisé des œuvres que des milliers de personnes croisent chaque jour. La plus célèbre d’entre elles, du moins pour les Sherbrookois, est sans contredit le Monument aux braves, fait de bronze et de granit de Stanstead, érigé en 1926 et situé sur la rue King Ouest, au centre-ville de Sherbrooke. Cette œuvre honorant les anciens combattants met en scène trois soldats canadiens dans une tranchée survolés de l’allégorie de la Victoire, personnifiée par une femme ailée tenant une couronne de laurier en main. Une plaque commémorative indique le nom des 248 soldats sherbrookois morts sur le champ d’honneur entre 1914 et 1918 ainsi que ceux tombés lors de la Seconde Guerre mondiale. Ses faces latérales présentent quant à elles les lieux de grandes batailles durant la Première Guerre mondiale. C’est d’ailleurs à cet endroit que les militaires sherbrookois en service et à la retraite se rassemblent chaque année lors du jour du Souvenir.

Non loin de là, la fontaine commémorative James Simpson-Mitchell érigée en 1931 dans le parc du même nom en l’honneur de ce commerçant sherbrookois de premier plan est également de George William Hill. Elle est constituée de granit de Stanstead, de bronze et de béton.

Son travail est également parvenu à dépasser les frontières de la ville. Se trouvent par exemple à Richmond, de l’autre côté du pont MacKenzie, le Monument aux braves érigé au parc du Souvenir en mémoire des jeunes hommes de la région tombés au combat lors de la Grande Guerre, de même que le Monument Sir George-Étienne Cartier, fait de bronze et de granit, situé au parc du Mont-Royal de Montréal depuis 1919, ainsi que le Monument aux héros de la guerre des Boers, érigé au Square Dorchester à Montréal en 1907 et également composé de bronze et de granit. Au-delà des frontières québécoises, ses œuvres peuvent aussi être vues sur la Colline parlementaire à Ottawa, où une statue de George Brown, l’un des Pères de la Confédération et fondateur du Globe and Mail, a été érigée en 1913. Tout près, nous retrouvons une sculpture de Thomas d’Arcy McGee, l’un des Pères de la Confédération. George William Hill aura alors remporté les deux concours organisés simultanément à l’époque afin de dénicher le sculpteur le plus apte à concevoir ces monuments.

Le centre-ville de Sherbrooke est privilégié de compter une œuvre majeure de ce prolifique et talentueux artiste.

** Merci à Arlette Vittecoq pour la photo du cénotaphe !