Chronique

Les femmes du Centro

PAR:
Caroline Fontaine

Notre centre-ville est un endroit vivant et passionnant. Sa richesse vient à mon avis du fait qu’il est aussi diversifié que les gens qui le fréquentent et y travaillent. Nous sommes chanceuses et chanceux de pouvoir compter sur de nombreuses entrepreneures passionnées pour y donner cette touche qui en fait un endroit magnifique! Il suffit d’arpenter mentalement la Wellington pour se rendre compte que plusieurs femmes sont propriétaires des boutiques ou restaurants qui la composent. Perpendiculairement, on monte la King et on retrouve encore des femmes d’affaires aux commandes jusque dans le quartier Alexandre, où on a d’ailleurs élu cette année la première femme présidente du Regroupement du Quartier Alexandre, Madame Sylvie Vartanian, propriétaire de la compagnie DelSymphony. À noter que l’Association des gens d’affaires du centre-ville compte également deux co-présidentes cette année, Anik Beaudoin du Restaurant Auguste et Mélanie Alain de Ça beigne. En cette semaine de la Journée internationale des femmes, j’ai voulu leur donner toute la place.

Kim Paré Gosselin, propriétaire Belle et Rebelle Sherbrooke (photo : Caroline Fontaine)

L’équilibre : grand défi pour les femmes entrepreneures

Plusieurs des propriétaires s’entendent pour affirmer que leur plus grand défi d’entrepreneure est d’atteindre un équilibre entre la vie de famille et la croissance de l’entreprise. Kim Paré-Gosselin en vient toutefois à la conclusion suivante : « Au final, c’est sûr que je priorise tout le temps mes enfants, peut-être des fois aux dépens de mon entreprise, mais c’est totalement sans regret, car mes filles sont plus importantes pour moi que la croissance de Belle et Rebelle. » C’est sans doute le défi de plusieurs travailleurs, mais quand ton gagne-pain prend tellement de place et que tu le vois comme ton « bébé », c’est parfois dur de laisser aller. Pour Mélissa Boisvert de Bloma fleuriste, la clé est « d’apprendre à doser, à déléguer et à allouer des moments précis pour la gestion de l’entreprise dans l’horaire. C’est encore un défi de tous les jours, même après 5 ans! ».

D’autres défis se sont érigés devant ces entrepreneures. L’adaptation qui nous a tous été nécessaire pendant la dernière année en est un. Il faut « trouver des façons créatives et rentables de garder sa clientèle tout en innovant… mais en restant fidèles à nos valeurs! » affirment les copropriétaires du studio Enjoyoga, Karina Brown et Émilie Gauthier. Catherine Sheehy qui est derrière Piosa abonde en ce sens : « Le plus grand défi? Constamment s’adapter ! Les temps changent, les tendances aussi, mais plus que ça, la clientèle évolue avec les technologies et les nouvelles structures commerciales. Il faut s’adapter aux nouvelles façons de consommer. Le client magasine maintenant en ligne de chez lui et c’est aussi notre façon d’aller capter son attention pour lui dire qu’on existe, sinon nous sommes oubliés dans cette mare de différentes compagnies. »

Femmes entrepreneures dans un monde d’hommes

Le simple fait d’être femme dans un milieu à la base occupé par une majorité d’hommes constitue en lui-même un défi de taille. Annie Faucher du Liverpool se rappelle d’ailleurs ses premières années : « Je me rappelle avoir siégé sur un comité de propriétaires de bar en 1994 ou j’étais la seule femme et à seulement 22 ans, il a fallu que je me forge une place et que j’apprenne à défendre mes opinions. » Pour Marylin des Zerbes folles, le constat semble le même : « Le monde des affaires est étrangement à la fois innovateur et extrêmement conservateur. Ce que je trouve le plus difficile, c’est de devoir me battre pour faire respecter ma crédibilité et mes valeurs. C’est vrai que je suis plus jeune que beaucoup d’entrepreneur.e.s, mais j’ai des expériences pertinentes. » De voir ces femmes créatives et fortes continuer de tracer la voie est très inspirant et me donne une fois de plus envie d’aller à leur rencontre, de découvrir les commerces dans lesquels elles ont tellement investi.

Page facebook des Zerbes folles

Il y a de quoi être fières

C’est donc avec grand plaisir que je célèbre aujourd’hui leurs réussites, petites et grandes. Que ce soit leur liberté, le fait d’avoir une entreprise à leur image ou le plaisir qu’elles éprouvent à aller travailler, les femmes entrepreneures du centro ont de quoi être fières. Parmi leurs plus grandes sources de satisfaction, on retrouve souvent leur équipe ou leur partenaire d’affaires. Pour Josiane et Sarah, qui a d’ailleurs quitté un emploi d’orthophoniste pour se lancer en affaires, de Chez Joséphine, l’équipe qu’elles forment les rend fières « de la bienveillance qu’elles ont l’une envers l’autre, de la résilience dans l’adversité et de la capacité à travailler en ensemble et à gérer les conflits qui peuvent survenir. » Même son de cloche pour les proprios d’Enjoyoga : « Nous priorisons notre complicité avant toutes décisions d’affaires et c’est cela qui fait la force de notre duo. » Laurence et Geneviève, les copropriétaires de Lodace sont également fières de voir leurs collaboratrices, six employées, heureuses d’évoluer dans leur entreprise.

Gracieuseté d’Enjoyoga

Et si elles avaient un conseil pour les futures entrepreneures…

  • Kim de Belle et Rebelle : « Prenez des risques, n’ayez pas peur de l’échec, c’est pas grave l’échec. Ce qui est grave c’est de passer à côté des choses… »  
  • Mélissa de Bloma : « De bien s’entourer, d’écouter son instinct et de garder le cap sur nos objectifs malgré les obstacles qui peuvent se présenter. »
  • Karina et Émilie d’Enjoyoga : « Garder la passion de son domaine et suivre son intelligence émotionnelle! S’entourer de mentors inspirants sur son chemin. »
  • Sarah et Josianne de Chez Joséphine : « Croire en la solidarité féminine et ne pas hésiter à demander conseils à d’autres femmes entrepreneures. Le partage d’expérience et les idées nouvelles qui peuvent en ressortir sont riches et peuvent permettre de s’éviter bien des détours ! »
  • Laurence et Geneviève de Lodace : « Et le conseil est peut-être cliché, mais c’est de croire en votre projets et surtout d’être passionnée par ce que vous mettez en œuvre. »
  • Catherine de Piosa : « Se faire confiance! En démarrage surtout, ça peut faire peur se lancer, mais si tu as en toi ce désir, tu prendras les moyens d’y arriver. »
  • Marilyn des Zerbes folles: « Personne n’est parfait, personne ne peut exceller en tout; il suffit de miser de façon réaliste sur vos forces et de vous outiller pour gérer le reste. Le travail d’équipe avec la bonne personne peut vous mener là où vous n’auriez jamais osé rêver vous rendre! »
  • Annie du Liverpool : « Restez vous-même. Travaillez en équipe. Entourez-vous toujours de gens aussi compétents sinon plus que vous qui vous pousseront à vous dépasser.  Respectez-vous et pratiquez l’équilibre. »