Chronique

Le Siboire : redonner du plaisir aux Sherbrookois, une canette à la fois!

PAR:
Marie-Cristine Pachès

Depuis le 13 mars, le Siboire ne ménage pas ses efforts pour abreuver et nourrir sa fidèle clientèle de façon sécuritaire. Alors que nous fermentions tous à la maison, une nouvelle bière collaborative fermentait patiemment en canettes à l’usine. Sherbrookois, réjouissez-vous, nous pourrons en primeur savourer la Saison du Phoque, une bière élaborée conjointement par le Siboire, Tête d’alumette et À l’abri de la tempête.

C’était le vendredi 13 mars. Mes enfants m’avaient annoncé que l’école était optionnelle, je regardais les nouvelles en me demandant ce qui nous arriverait. J’étais préoccupée, mais pas assez pour manquer le lancement de la première bière collaborative que le Siboire avait élaborée avec Lagabière et Noctem, la Mahi Tahi. Je me suis donc dirigée vers l’usine Siboire où j’ai rencontré les artisans de cette petite bombe houblonnée. Évidemment, avec les événements qui ont suivis, je n’ai jamais rédigé cette chronique qui appelait les gens à venir s’abreuver à l’usine.

Au début, les succursales sont demeurées ouvertes, puis le couperet est tombé en ce qui concerne les restaurants et les bars : tout devait fermer. L’usine a heureusement pu maintenir ses activités et offrir les commandes/ramassages sans contact, puis a su se réinventer pour redonner le sourire aux fidèles adeptes de fish and chips et autres délices. Mais revenons à ce vendredi 13…

Belle collaboration, mauvais « timing »

En ce bel après-midi ensoleillé, j’étais bien loin de me douter que ce qui m’entourait me semblerait tout droit sorti d’une autre époque à peine quelques semaines plus tard. À présent, je regarde mes photos des gens qui ont fait la file pour obtenir cette précieuse première collaboration et je les trouve beaucoup trop rapprochés. Je regarde les serveurs et les brasseurs au coude-à-coude et je retiens mon souffle : pas de masques, pas de gel désinfectant, pas de distanciation… Pire : je me rappelle même avoir fait quelques accolades et embrassades à des amis croisés sur place! Si mes photos de l’événement paraissent décalées par rapport à notre réalité, la conversation que j’ai eue avec Jonathan Gaudreault, le maître-brasseur et copropriétaire du célèbre établissement sherbrookois avait un petit quelque chose de prémonitoire

Lancement de la Mahi Tahi, le vendredi 13 mars 2020

Quand collaboration rime avec plaisir et transparence

En effet, les collaborations brassicoles m’ont toujours rendue un peu sceptique. Dans un monde où la compétition est très forte et où les joueurs sont désormais très (trop?) nombreux, peut-on vraiment s’attendre à ce qu’une bière collaborative soit le reflet du meilleur de chacun? Les brasseurs vont-ils réellement partager de façon honnête et transparente les trucs acquis au fil de longs et coûteux essais à des confrères oui, mais qui sont aussi des compétiteurs? J’avais des doutes… « Tu vois, on n’avait jamais fait de collabo avant et moi aussi je pensais que ce serait un peu comme ça : on collabore, mais on se garde des secrets! Pourtant, j’ai été agréablement surpris : tous étaient assez ouverts et on a vraiment profité de l’expertise de chacun. », m’a confié le brasseur.

Nous avons  ainsi discuté de l’esprit de camaraderie qui règne malgré la compétition dans le milieu brassicole, des avantages de la coopération, du savoir-faire québécois… Prémonitoire, disais-je hein?!

Jonathan et Pierre-Olivier, les deux copropriétaires du Siboire, dégustent les nouveaux produits avec des collègues et amis au lancement de la Mahi Tahi, le 13 mars 2020.

Pick-up et drive-in, les nouvelles façons de faire des affaires!

Depuis, beaucoup de choses ont modifié notre quotidien. Tous prônent désormais la solidarité et la collaboration pour encourager nos entreprises locales. La débrouillardise est devenue un gage de survie pour plusieurs qui ont dû revoir leurs façons de faire pour pallier aux fermetures. Grâce à une équipe de gestion dynamique et proactive, le Siboire a fait partie de ceux qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. Ainsi, dès le début, les clients pouvaient commander des bières à l’usine, qui n’a jamais fermé, ou passer leur commande en ligne et venir les récupérer sur place.

Le site transactionnel a rapidement été mis en opération à cet effet. Au fil des semaines, on a aussi pu constater que certaines bières-phares comme la Sherbière se sont taillé des places parmi les offres d’autres restaurateurs locaux. Puis, c’est l’équipe de cuisine, sous la houlette du chef Wolf, qui a repris du service en offrant des plats à réchauffer à la maison ou prêts-à-manger n’importe où et même directement dans le stationnement! Une sorte de retour à l’ère des drive-in qui a conquis les nostalgiques et redonné le sourire à plusieurs membres de l’équipe qui ont ainsi pu réintégrer leur emploi.

Finalement, comme les clients n’avaient plus la possibilité de se déplacer entre les régions, le Siboire a également commencé à distribuer ses bières chez les différents membres des Dépanneurs de bières spécialisées du Québec (DBSQ) de même que dans certaines épiceries de Sherbrooke.

Commandes en ligne et ramassages sans contact, le Siboire met dès le début la sécurité de ses clients à l’avant-plan

À présent que le déconfinement est bien amorcé, on constate que le Siboire reprend tranquillement sa vitesse de croisière. Les beaux jours devraient nous permettre de voir arriver de nouveaux produits qui suivront les tendances brassicoles. On espère entre autres quelques berliner weisse bien fruitées pour les journées chaudes et on attend impatiemment la sortie des nectars qui vieillissent dans les barriques d’alcool; lesquels devraient être vendus en bouteille comme c’est l’usage.

Au tour de la Saison du Phoque

En attendant, le Siboire a dévoilé cette semaine qu’il mettrait en vente une toute nouvelle bière collaborative qui a refermenté en canette… alors que nous nous fermentions chez nous!

Jonathan m’avait bien parlé d’une collaboration « de feu » en mars dernier et ce sera effectivement le cas! Brassée conjointement avec Tête d’allumette et À l’abri de la tempête, cette saison devrait être assez exceptionnelle; mariant la passion des Îles-de-la-Madeleine, la douceur du Bas-Saint-Laurent et l’intensité toute Sherbrookoise.

Concoctée dans les installations du Siboire au début mars, son séjour en canette lui a permis de développer une belle effervescence et une texture moelleuse qui sied parfaitement à ses notes céréalières et aux arômes salins et floraux qui s’en dégagent. Rassemblant des ingrédients soigneusement choisis par les trois brasseurs comme de l’orge et du blé sherbrookois, du houblon Crystal québécois, du malt fumé et du poivre des dunes des Îles et de l’achillée Millefeuille, laquelle lui confère son côté floral plutôt inusité pour une saison, ce nouvel opus se veut une bière parfaite pour les feux de camp au bord de mer. De quoi nous faire rêver à de douces vacances et à un certain retour à la normalité et au plaisir!

La toute nouvelle Saison du Phoque disponible dès le 5 juin à l’usine

Comme nous sommes privilégiés à Sherbrooke, les amateurs pourront acheter cette saison en ligne, dès ce jeudi 4 juin à 19 h pour ensuite pouvoir aller les récupérer à l’usine. Sinon, comme l’usine ouvre ses portes à 10 h, il sera également possible d’aller en chercher sur place à partir de vendredi matin. Il y aura une limite de huit (8) canettes par personne afin que tous puissent en profiter! Si par malheur vous ne parvenez pas à mettre la main sur le précieux liquide, sachez que dans quelques semaines, un DBSQ bien connu dans la région devrait ajouter quelques canettes à ses populaires Sélections 100% Cantons… mais chut! Je ne vous l’ai pas dévoilé en primeur! 😉

Pour faire le plein : boutique.siboire.ca

Usine Siboire
80, rue du Dépôt

Heures d’ouverture depuis le début de la COVID :
Mardi et mercredi : 12 h à 18 h
Jeudi, vendredi et samedi : 10 h à 19 h