Visite ta Well autrement!
Si vous traversez souvent le centre-ville, peut-être ne remarquez-vous plus les différentes bâtisses qui bordent la rue Wellington. Pourtant, si l’on prend le temps de les observer et de les connaître, chacune de ces murailles a une histoire à raconter : celle de la ville de Sherbrooke!
C’est ce que la Société d’Histoire de Sherbrooke vous proposait de découvrir cet été, dans son nouveau parcours de visite de la rue Wellington, une expérience passionnante offerte par des étudiants en histoire le vendredi après-midi. On y apprend une histoire commerciale, créative, dans une ville qui a à peine plus de 200 ans, fondée par deux moulins construits par des loyalistes anglais à l’emplacement où se tient aujourd’hui la Place des Moulins. Malgré son jeune âge, Sherbrooke a une histoire dense!
Fondée en 1802, elle se développe lentement jusqu’à l’arrivée du train en 1852 : la population va alors plus que doubler en 15 ans et la minorité francophone devient majoritaire, en plein cœur de la révolution industrielle! L’arrivée des nombreux nouveaux arrivants amenés par le train et la proximité de la gare modèlent alors la rue Wellington : les hôtels se multiplient au sud de King et les commerces viennent s’établir à proximité des lieux de pouvoir administratif au nord.
Cette belle idée d’organiser des visites guidées de la rue Wellington existe depuis plusieurs années, mais elle a été rendue très actuelle par les réflexions autour des projets pour la Wellington Sud. Le projet Quatre Quart, par le Théâtre des Petites Lanternes, auquel a participé la Société d’Histoire, a également été un déclencheur de cette nouvelle activité.
Le but, pour Marie-Ève Gingras, coordonnatrice à la diffusion pour la Société d’histoire de Sherbrooke, c’est d’amener les gens à voir le centre-ville sous un jour nouveau : « Toutes nos visites à l’extérieur visent à donner un autre regard sur des endroits que parfois on connaît déjà. On veut venir ajouter une compréhension, on connaît les lieux aujourd’hui, mais c’est intéressant de voir ce qu’étaient tous ces bâtiments avant. »
Faire connaître l’histoire de la rue au complet est devenu une manière de faire communiquer le passé avec le présent, de relier l’histoire et les mémoires, les individus avec les bâtiments. Peut-être aussi trouver dans les exemples du passé d’éventuelles inspirations pour nos projets futurs.
Les visites se font généralement en petit comité, ce qui est, selon madame Gingras, un des points forts de la visite : « On essaye de ne pas faire une visite guidée, on se laisse porter par ce que les gens veulent nous dire, nous partager et par ce qui les intéresse et ce qu’ils veulent savoir dans le parcours. Au niveau de la rue Wellington, les plus âgés se rappellent parfois du Flamingo, ou parfois l’Hôtel Normandie avec le Moulin Rouge, là où est présentement le Subway. La visite permet de réfléchir à ça et à ce que veulent les gens pour l’avenir. » Une belle manière aussi de montrer que l’histoire ne s’est pas faite dans les musées. Au-delà des ouvrages de Jean-Pierre Kesteman et de la documentation de la société, les témoignages, en particulier des plus âgés qui participent aux visites, peuvent donner anecdotes ou des pistes de recherche historiques, qui peuvent être citées au cours de prochaines visites après un travail de vérification.
Des questions du public peuvent également constituer la piste d’une véritable enquête menée par les étudiants en histoire. Par exemple, lors d’une visite, un participant a demandé ce que signifiait un symbole sur le bâtiment de la banque CIBC. Sur les documents que possède la Société d’Histoire, on peut voir que celui-ci est présent dès la construction et il semble évoquer le symbole traditionnel des médecins. Une recherche plus approfondie a permis de découvrir dans un ouvrage sur l’histoire de la CIBC que c’était le logo de la Banque Impériale de Commerce.
Loin de se limiter à des dates, la visite de la rue Wellington ouvre ainsi un dialogue entre le passé et le présent, entre les histoires individuelles et l’histoire de la ville, orchestré avec érudition par la Société d’Histoire de Sherbrooke. Une chose est certaine, l’expérience a été un succès et sera reconduite l’été prochain. Armez-vous donc de patience, l’aventure en vaut la peine!