Visages du Centro

Isabelle Bouchard-Veillette, celle qui se passionne pour les gens, tout simplement!

PAR:
Marie-Cristine Pachès

Ils sont impliqués et ne cherchent pas à être le centre de l’attention. Ils souhaitent créer du beau et du bon pour que nous puissions profiter d’un milieu de vie dynamique et vivant. Ce sont ces visages que nous croisons tous les jours au cœur du centre-ville. Chaque mois, grâce à notre chroniqueuse, vous aurez la chance de découvrir les visages du Centro. Ces personnes qui croient au développement du centre-ville et qui y contribuent à grands coups de passion et d’amour!

Pétillante, engagée, volontaire, allumée… difficile de trouver un seul mot pour décrire Isabelle Bouchard-Veillette. En effet, depuis qu’elle a adopté Sherbrooke en 2005, la Trifluvienne n’a jamais hésité à s’impliquer dans les causes qui lui tenaient à cœur et à se faire la voix de ceux qu’on écoute rarement. Bien qu’elle ait récemment pris un grand virage en acceptant un poste de coordonnatrice d’arrondissement à la Ville, les acteurs du milieu communautaire connaissent bien ce petit bout de femme à la tignasse de feu et au regard vif. C’est qu’Isabelle a été durant plus de douze ans à la tête de l’A.R.C.H.E. de l’Estrie, en plus de siéger à de nombreux comités et tables de concertation. Nous nous sommes donné rendez-vous au King Hall… tout simplement parce que c’est un endroit où nous nous sentons comme à la maison!  Passez donc au salon! 

Photo : Frédéric Gosselin instagram.com/fuseau.solaire

Suivre son cœur… toujours!

Je connais bien la femme assise devant moi puisqu’elle est devenue une bonne amie au fil des ans. Néanmoins, nous jouons le jeu de l’entrevue et je lui demande comment elle s’est retrouvée à Sherbrooke, avec un diplôme de travailleuse sociale en poches. Elle me parle alors de son amour des gens, de son côté volontaire et engagé, des hauts et des bas de la vie et de sa propre résilience. «C’est vite devenu nécessaire pour moi d’aider ceux qui n’avaient pas la même capacité à rebondir, m’explique-t-elle. Au début, j’ai surtout travaillé auprès des ados, puis j’ai déménagé à Sherbrooke par amour… C’est toujours l’amour qui m’a fait bouger dans ma vie!»

À son arrivée, Isabelle dégote un poste à l’Auberge du cœur La Source-Soleil, un milieu de vie qui héberge les jeunes de 18 à 30 ans en situation d’itinérance ou en difficulté. «C’était la belle époque des Marches et je croisais souvent mon monde le soir quand j’étais bien de bonne humeur! me lance-t-elle en riant. Mais je m’assumais, je m’assume toujours d’ailleurs!» C’est aussi à cette époque qu’elle a rencontré celui qui allait devenir le père de ses deux garçons, Théo et Élie. Mais avant de fonder sa famille, elle a d’abord fait un saut à Montréal. Là-bas, elle a renoué avec une clientèle adolescente en prenant la direction de la maison des jeunes de Bordeaux-Cartierville. 

Photo : Frédéric Gosselin instagram.com/fuseau.solaire

Revenir à Sherbrooke pour trouver sa voie

Puisque les beaux paysages de Sherbrooke lui manquaient (et par amour, encore lui!), Isabelle est vite revenue à Sherbrooke. C’est à ce moment qu’elle a pris la direction générale de l’Arche, l’organisme estrien qui offre soutien et accompagnement aux personnes vivant avec le VIH/sida. Je ne peux m’empêcher de la questionner sur les défis d’un tel poste. «C’est dommage parce que les personnes vivant avec le VIH sont toujours victimes de stigmatisation et c’est une maladie qu’elles doivent souvent vivre cachées. Ça n’a pas le même capital de sympathie que d’autres causes et il y a encore énormément de tabous et d’éducation à faire!», s’enflamme-t-elle. Oups! J’ai attisé un feu qui brûle encore au fond d’elle! Tout en l’écoutant, je peux aisément m’imaginer la Isabelle militante et revendicatrice qui a contribué à faire avancer les choses chez nous. 

Vous avez dit multitâches? 

Forte de la conviction qu’ensemble on est plus forts, elle n’a jamais ménagé ses efforts pour créer des alliances avec d’autres acteurs du milieu communautaire, prendre part aux tables de concertation et s’impliquer dans les projets qui la faisaient vibrer. En plus de ses multiples occupations, elle a toujours trouvé le temps d’assouvir sa curiosité en suivant des cours à l’université; chose que seule la pandémie a pu interrompre au cours des quinze dernières années! Elle a également eu deux beaux garçons, aujourd’hui âgés de 8 et 10 ans. Pourtant, ce n’était pas suffisant pour combler toutes ses aspirations. Petit à petit, un nouveau projet a germé en elle, un nouveau désir: celui d’écrire.

Photo : Frédéric Gosselin instagram.com/fuseau.solaire

Parce qu’écrire rime avec découvrir, parcourir et assouvir!

«J’ai beaucoup écrit sur la maternité, la parentalité, puis, après ma séparation, sur la monoparentalité. Avec la franchise que tu me connais, je n’ai jamais eu peur d’aborder des sujets plus roughs ou personnels.» Toutefois, la voyageuse en elle avait aussi envie de voir le monde, de voyager et de s’amuser. «Je me suis bâtie un CV de rédaction que j’ai envoyé à plusieurs endroits pour trouver des contrats. Je voulais être payée pour partir en vacances avec les gars… et ça a marché! En 2016, j’ai commencé avec Destination Sherbrooke, dans des magazines et pour divers médias en lien avec le tourisme.» Elle évoque son voyage à Tadoussac, sa visite de New York et sa tournée des microbrasseries québécoises pendant que j’envie son audace et son ingéniosité!

Quand elle raconte ses aventures avec ses kiddos, comme elle les appelle, ce qui revient en toile de fond c’est toujours les gens, les moments partagés et je me reconnais dans ses propos. «J’aime rencontrer des passionnés, découvrir et raconter leur histoire, comprendre ce qui les allume. Souvent, ils deviennent ensuite des amis et ça, c’est encore mieux!» Je sais qu’elle est de celles qui amènent leurs enfants partout. Elle me confie détester vivre dans une société où ils sont souvent vus comme dérangeants. «J’ai visité plus de 45 microbrasseries avec les gars, alors ils peuvent t’expliquer comment brasser de la bière! S’ils ont le choix entre aller jouer dans un coin ou de rester jaser avec les adultes, ils restent! Ils s’intéressent pour vrai aux personnes qui les entourent et c’est ma plus belle réussite.», me décrit-elle, remplie de fierté. 

Photo : Frédéric Gosselin instagram.com/fuseau.solaire

Une passion dévorante pour le Centro et tous ses visages

Quand Isabelle a proposé à l’Association des gens d’affaires du Centro d’encadrer le blog en 2018, le projet lui a évidemment été confié. C’est ainsi qu’elle a coordonné de nombreux rédacteurs bénévoles durant quelques années; en plus d’exercer elle-même sa plume. En véritable amoureuse du Centro et de ceux qui le composent, on croise son visage tacheté un peu partout.

Toujours à l’affût des événements culturels et artistiques, c’est une habituée de la Petite boîte noire et du théâtre Granada. Fidèle abonnée, elle est incollable aux quiz du Musée de la nature et des sciences! Amoureuse du 7e art, impossible de la voir ailleurs qu’à la Maison du cinéma quand elle a envie de se faire une toile: «Je capote sur le fait qu’on ait un cinéma indépendant avec une si belle programmation à Sherbrooke!» Gourmande, elle a aussi ses endroits chouchous: les dîners de lAuguste, la terrasse du Siboire, les amis au Vin Polisson, les grandes tables du O Chevreuil qui permettent d’accueillir de si beaux moments! …et le King Hall, évidemment, puisqu’on s’y sent toujours si bien!

C’est d’ailleurs ce qui revient dans son discours: le fait de se sentir accueillie, reconnue, prendre des nouvelles et, toujours, s’intéresser! Car nombre d’entrepreneurs du Centro sont évidemment devenu des amis. Elle me nomme presque un à un tous les endroits et leurs particularités tellement elle a peur d’en oublier un. Elle vante la solidarité des entrepreneurs du centre-ville et le fort sentiment d’appartenance qui les unit. À travers ses yeux, je découvre des petits bouts de mon Centro et des gens qui le composent et je comprends à quel point elle a dû se sentir déchirée de quitter cet environnement l’automne dernier. 

Photo : Frédéric Gosselin instagram.com/fuseau.solaire

Se réinventer pour mieux aider, au cœur de la ville!

Maintenant qu’elle est à la Ville, Isabelle n’a toutefois rien perdu de son amour des gens ni de son désir d’aider ceux qui en ont besoin en leur offrant un service de proximité. «J’étais rendue à un point dans ma vie où le changement était nécessaire, mais je suis la même fille et je parle de la même façon!», m’assure-t-elle. Puisque son nouveau rôle l’amène à prendre le pouls des citoyens et à susciter leur collaboration, en plus de faire le pont entre eux et les politiciens, Isabelle est encore et toujours au cœur des enjeux!

Elle évoque avec passion certains dossiers en cours, martèle l’importance de la participation citoyenne et m’explique comment elle souhaite agir comme une courroie de transmission pour faire bouger les choses. Encore une fois, la flamme s’allume dans ses yeux et je sais que les habitants de l’arrondissement des Nations ont maintenant une porte-parole qui saura relever les nombreux défis qui ne cessent de se présenter en ces temps si particuliers… 

Un merci particulier à Maxime Pothier et Jérôme Couture de nous avoir si chaleureusement accueillies au King Hall et au King Alexandre durant cette entrevue. 

Pssst! Si vous vous ennuyez de la belle plume d’Isabelle Bouchard-Veillette, sachez qu’elle signe l’un des textes de «Libérer la culotte», une œuvre collective qui sortira le 13 avril prochain aux Éditions du remue-ménage.